3) Entretien avec un enseignant d’une classe de CLIS
Nous sommes allés à la rencontre d’un instituteur en classe de CLIS: René C. Ce dernier travaille dans une école élémentaire à Frontignan (ville non loin de Montpellier). Une classe de CLIS est une classe pour l’inclusion scolaire. Elle permet d’accueillir dans une école primaire ordinaire, un petit groupe d’enfants (12 maximum) présentant le même type d’handicap. Cependant, Mr. C. a pour élève, deux enfants autistes qui n’étaient malheureusement pas présents lors de la matinée où nous étions dans la classe. Le terme CLIS s’utilise à l’école primaire, dans le second degré nous parlons de classe ULIS. Pendant la demi-journée où nous sommes restées dans la classe de CLIS, nous avons pu observer les élèves ainsi les travaux qu’ils réalisent. Nous avons également pu nous entretenir avec le Professeur.
1) la démarche
Mr. C. nous a expliqué que l’enfant présentant des problèmes est signalé par l’enseignant. Avec l’accord des parents, l’enseignant de l’enfant constitue un dossier. Le psychologue scolaire ou le pédopsychiatre ou neuropsychiatre ou le médecin généraliste peuvent être sollicités afin d’affiner le bilan. Une fois le dossier établi, il est envoyé à la maison du handicap (MDPH) de Montpellier. En fonction du dossier, ils décident de notification ou pas. S’il y a notification, l’enfant rentre dans le champ du handicap et est alors affecté en CLIS, en CLIS mi-temps, ou en ULIS ou encore en IME. En revanche, tant que la notification n’est pas arrivée dans l’école ou l’institution, l’enfant ne peut pas être accepté.
Il faut savoir également que la scolarisation de l'enfant autiste peut se faire selon plusieurs modalités : en classe ordinaire, avec ou sans l’accompagnement d’une auxiliaire de vie scolaire mais aussi dans une classe spécialisée en milieu ordinaire (CLIS, ULIS) ou encore en établissement médico-social ou sanitaire (IME, hôpital de jour). Une fois que l’enfant est inscrit en milieu scolaire, le projet personnalisé de scolarisation se met en place et l’enfant en profite.
2) Les différentes structures
Le spectre autistique compte beaucoup dans la scolarisation de l’enfant. Il faut savoir que la loi de 2005 n'a ni modifié le statut ni le fonctionnement des CLIS. L'essentiel du changement apporté par la loi concerne le recrutement des CLIS qui échappe désormais à l'éducation nationale et qui est confié aux MDPH. Les CLIS ont la mission d’atteindre les objectifs visés par le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) de chaque enfant. Puis, il y a les UPI, qui sont tout simplement les « ancêtres » des ULIS. Elles ont les mêmes objectifs que les classes de CLIS. Ces dernières existent depuis les années 1990 et se sont multipliées avec le temps.
En plus des classes ULIS et CLIS, il existe des instituts médico-éducatif (IME). Afin d’en apprendre plus à propos de cet établissement, nous avons eu un rendez-vous avec une éducatrice spécialisée travaillant dans un IME : Florence S.
Un IME est un institut qui accueille les enfants et adolescents atteints de déficience mentale. Florence, elle, travaille avec des jeunes âgés de 14 ans à 20 ans.
Premièrement, nous avons abordé le sujet de l’admissibilité de ces jeunes. Florence nous a fait savoir que l’IME dans laquelle elle travaille est conçue pour accueillir 50 jeunes de 6 ans à 20 ans. Ces enfants présentent tous une déficience qui ne leur permet pas (ou permet plus) de suivre une scolarité en milieu scolaire ordinaire. Ainsi, ceux qui sont pris en charge présentent des troubles d’apprentissage, des troubles du comportement, de la personnalité, des troubles cognitifs, neurologiques puis des troubles environnementaux : carence affective. Ces enfants ont alors besoin d’une éducation spéciale.
Afin de leur apporter l’enseignement essentiel, l’IME se fixe plusieurs objectifs. Premièrement, l’institut doit développer l’autonomie de l’enfant, lui permettre de se familiariser avec les gestes de la vie quotidienne. Deuxièmement, il doit favoriser les conduites sociales de base en amenant l’enfant à pouvoir se confronter à une demande, c'est-à-dire, reconnaître l’autre dans sa demande et y donner une réponse. Troisièmement, il doit apporter les apprentissages et développer ses capacités par des activités pédagogiques. Enfin, l’IME à pour but de mener des actions tendant à développer la personnalité, la communication et la socialisation.
Vient ensuite la question de l’admission de l’enfant. Ces admissions se font en plusieurs étapes : en premier lieu, le dossier de candidature est transmis par la MDPH à l’institut médico-éducatif. Ensuite, le médecin-psychiatre, la directrice, le chef de service éducatif étudient le dossier ; la décision est prise lors d’une commission d’admission. Si le dossier est refusé, un courriel est envoyé aux parents ainsi qu’à la maison départementale des personnes handicapées. Dans le cas contraire, le processus d’admission se poursuit : si l’IME n’a pas de place disponible, le candidat est inscrit sur la liste d’attente. En cas de place disponible, un rendez-vous est proposé avec plusieurs personnes importantes travaillant dans l’institut. A la suite de cette rencontre, une visite de l’établissement est proposée ainsi qu’une période d’observation.
Au niveau du financement, l’institut médico-éducatif fonctionne grâce à un prix de journée fixé par l’Agence Régionale de Santé. Une facture est établie en fonction des jours de présence du mois et envoyée à la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie). La prise en charge de l’IME est alors gratuite pour les familles. Comme pour les enfants étant inscris en classe de CLIS, ceux en IME bénéficient d’un projet personnalisé (PPS). Ce projet est rédigé par l’éducateur référant et est revu tous les quatorze mois environ.
3) Les outils mis à disposition
René nous a éclairés à propos de l’enseignement des enfants. Il nous explique que l’enfant handicapé rencontre des défauts d’attention et a un temps de travail relativement court. En revanche, il existe également des élèves avec qui il est impossible de communiquer. Dans le cas de René, les enfants qui présentent ce genre de trouble entendent, comprennent et arrivent à se comprendre. Le professeur essai, néanmoins, d’utiliser la méthode PECS avec eux. Cette méthode est basée sur un échange de pictogrammes.
→ Cliquer ici afin de découvrir les exercices d'apprentissage de la méthode PECS
Selon le profil de l’enfant, tel ou tel outil s’avère nettement plus pertinent qu’un autre. Afin que la communication entre professeur/élève soit la plus facile possible, il existe certaines méthodes.
Pour commencer, il y a les méthodes qui relèvent plutôt d’une approche globale comme la méthode TEACCH et la méthode ABA. La méthode TEACCH est la première méthodologie d’accompagnement spécialisée, elle date des années 1960 et vient des Etats-Unis. Elle a été mise au point pour des élèves avec un retard mental et/ou langage par Eric Schopler. Cette méthode TEACCH (Traitement par l’éducation des enfants présentant de l’autisme ou un handicap de la communication), est parfois aussi appelée « Éducation structurée ». Son objectif est d’améliorer la qualité de vie des enfants atteint d’autisme, et de les intégrer dans la société. Cette méthode apprend aux enfants à se repérer dans le temps grâce à un emploi du temps et à un timer, à se repérer dans l’espace grâce à des pictogrammes. Il existe tout un tas d’activités TEACCH, leur point commun est qu’elles ont pour but de développer la réflexion et l’intelligence de l’enfant. Cette approche est facile à mettre en œuvre dans les classes des unités d’enseignements des établissements spécialisés (hôpital de jour, IME). En revanche, elle est difficilement applicable dans sa globalité à l’école ordinaire. Les enseignants en classe de CLIS ou/et ULIS s’en inspirent souvent. Elle peut être applicable au sein de la famille de l’enfant à conditions que les parents aient eu les conseils d’un spécialiste.
→ Cliquer ici afin de découvrir un enfant autiste appliquant la méthode TEACCH
Il existe également la méthode ABA (« Applied Behavior Analysis » ou « Analyse Appliquée du comportement »), crée aux Etats-Unis à la fin des années 1960, elle vise à capter l’attention des enfants pour leur permettre d’acquérir des savoirs. Pour les enfants atteints de TED, les domaines enseignés sont essentiellement : l’attention, le langage réceptif et expressif, l’association, les habiletés motrices globales et fines, les jeux et loisirs, les compétences sociales, l’autonomie, l’intégration en communauté, les connaissances préscolaires et scolaires. Ce procédé peut s’appliquer n’importe où (à l’école, à la maison, à l’extérieur…) et à tout moment de la journée. Par exemple lors des moments dédiés à l’apprentissage de l’autonomie avec les repas, la propreté, etc ou encore lors des activités de jeux, l’enfant découvre son environnement, développe son imagination… Puis également lors d’un apprentissage classique où l’enfant est assis à une chaise derrière un bureau. Cet enseignement se fait par séances, répétées en successions rapides. Lorsque l’enfant répond correctement, il est récompensé soit avec un jouet ou alors tout simplement il est félicité.
Ici, vous pourrez trouver une petite fille autiste en train de développer ses capacités intellectuelles grâce à la méthode ABA
René caractérise cette méthode comme une stimulation permanente. Il est impossible pour lui de l’utiliser dans sa classe car ce genre de méthode nécessite la présence d’un adulte auprès de l’enfant en permanence.
Les méthodes vues précédemment, sont d’autant plus efficaces lorsque l’enfant est pris tôt en charge.
4) Le quotidien
○ En milieu scolaire ordinaire, les jeunes autistes peuvent être suivis par des accompagnateurs spéciaux : des AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire). Cette profession existe depuis 2002. Les AVS sont envisagées suite au Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). L’Auxiliaire de Vie Scolaire est indispensable à l’enseignant, elle est sa main droite en quelques sortes. Son but est d’accompagner l’élève en situation de handicap pendant son parcours scolaire. Il s’occupe de la socialisation, de la sécurité, de l’accompagnement de l’enfant. Il existe plusieurs AVS :
- les AVS-i qui facilitent l’inclusion scolaire individualisée d’un seul élève.
- Les AVS-M qui sont des AVS pour l’aide mutualisée, offrent une aide souple auprès des élèves qui n’ont pas besoin d’une attention assidue.
- Les AVS-co qui ont une fonction collective, aident l’enseignant accompagnant l’inclusion de plusieurs jeunes handicapés en classe de CLIS ou ULIS.
La présence des AVS est déterminée par le projet personnalisé de scolarisation (PPS). Dans la classe de René, l’AVS est collective ; elle est attitrée à la classe. Néanmoins, il est possible, en plus de cette AVS-co, d’avoir recours à une AVS-i (Auxiliaire de Vie Scolaire Individuelle) si le cas de l’élève en question est vraiment lourd.
○ Lors de l’entretien avec René, nous avons évoqué le sujet de la récréation. Il nous a expliqué que tout dépend du degré de l’autonomie de l’enfant ou de sa socialisation. Lorsque l’enfant est socialisé, il joue avec les enfants de sa classe. En revanche, quand il n’est pas autonome, il recherche en permanence la présence d’un adulte.
○ Pour ce qui est du regard des autres, l’objectif des enfants est qu’il puisse accepter la différence de la personne handicapée. Au fil du temps, cela devient une habitude pour ces élèves. Les professeurs doivent néanmoins rester vigilent avec les enfants qui auraient un langage moqueur. La classe de CLIS dont René à la charge est tout à fait intégrée dans l’école.
→ Cliquer ici afin de voir l'entretien vidéo avec René, bonne visualisation !